« Le designer doit savoir laisser de la place aux utilisateurs. Lorsque tout est trop abouti, il n’y a plus de place. Tout devient lisse et souvent inintéressant. » Oki Sato (Nendo)

Jeune architecte né en 1977, avec un an d’écart, je ne peux que l’appeler « jeune », Oki Sato est néanmoins émérite. Cette phrase qu’il laisse derrière lui lors d’une interview reflète O combien mon ressenti. Dans l’architecture intérieure également la place de l’utilisateur est importante. Lorsqu’on livre un projet à l’utilisateur, on le laisse libre de se l’approprier et d’en faire son espace.

Harmoniser un intérieur c’est lier toute une vie

En tant que professionnel, on s’éclipse au profit du quotidien, des habitudes, des achats coups de cœur des propriétaires des lieux. Ce n’est pas toujours facile de l’accepter, mais à moins d’avoir la commande d’un show-room, ce n’est pas ce qu’on se doit de livrer. On compose avec les meubles de famille, les œuvres, les objets hétéroclites. On crée, on harmonise un intérieur qui lie tout une vie.

Le temps d’un SMS, suggérer un coup de cœur

Parfois certains clients souhaitent tout revoir, tout racheter, être rassurés sur tous leurs achats et cela fait totalement partie de ma mission. Une mission qui peut ne pas prendre fin le jour J du déménagement mais se poursuivre en accompagnement au fil du temps et non dans la précipitation. L’objet, le tapis qui manque peut-être absent un temps, le plus important étant qu’il soit la pièce que l’on voulait d’un commun accord avec le client. Lorsque je me promène, j’ai toujours dans un coin de ma tête, une pensée pour eux et peut-être vous un jour?

Le temps d’une photo et d’un SMS, je suggère un coup de cœur à leur intention ; le coup de cœur devient réciproque et l’achat se concrétise ou je poursuis ma route…

Un accompagnement dans la décoration intérieure

Je me souviens d’une cliente qui me sollicite pour acheter avec elle tous les objets de déco, visitant galerie après galerie pour acheter, acheter et acheter encore avant de s’installer définitivement à Paris. Je finis par lui dire : “Mais, et la part d’achat coup de cœur, de flânerie du we aux puces, en voyage? ” Elle me sourit et me dit : “Catherine je n’ai pas le temps pour ça “. Je suis restée interdite et à la fois heureuse de sa confiance. Mais elle a également appris à se faire confiance petit à petit dans ses achats, me les soumettant dans un premier temps puis prenant confiance au fil du temps. Aujourd’hui encore, à chaque nouveau déménagement je suis là, je l’accompagne, nous réadaptons ensemble ce qu’elle a acquis, achetant et revendant selon les nouveaux besoins.

Laisser la place aux utilisateurs, c’est permettre de personnaliser au fil du temps, des envies. Rien ne me plaît plus que cette juxtaposition, cet enchevêtrement d’objets personnels du client et de suggestions de la professionnelle qui ne se prend pas au sérieux mais reste néanmoins avisée.

L’image lisse des magazines s’estompe et la vie reprends son cour

En quelques mots, les photos d’intérieur de magazine demeurent quelques instants jusqu’à ce que l’équipe shooting passe le pas de porte et reparte. Alors la vie reprend son cour et l’intérieur redevient vivant : livres sortis des étagères, chaussures au sol, dessins d’enfants aux murs, peinture abîmée, coussins tâchés… reprennent leur place. L’image lisse et parfaite n’a qu’un temps. Le temps de faire rêver.

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Catherine Le Gall, architecte d'intérieur
Catherine Le Gall, Architecte d’intérieur