Cela fait longtemps que je constate qu’en centre Bretagne, endroit que j’affectionne tant, de nombreuses maisons ont été abandonnées et délaissées à leur triste sort pendant de nombreuses années et qu’on oeuvre de moins à moins à la rénovation des vieilles maisons. Ce constat n’est malheureusement pas propre à cette région mais bel et bien lié à la désertification de coins ruraux de France rendus moins attrayants par leur coté professionnel, ou par le manque d’infrastructures, ou par l’éloignement géographique. Même s’il est certain que les choses ont un peu changé depuis la fameuse pandémie, et que certains territoires se repeuplent, le choix fait n’est pas toujours celui de rénover, mais plutôt de construire du neuf.
Ce sujet me touche tout particulièrement dans la mesure où dans chacune de ces régions délaissées, il existe le plus souvent un patrimoine architectural de caractère ayant traversé des générations. Des longères, des mas, des maisons à colombages et autres, créés avec des matériaux plein de charme tels que la pierre, le granit, l’ardoise, la lauze… sont en train de rendre progressivement l’âme au profit de constructions neuves tellement plus stéréotypées.
Pourquoi ? Tout simplement parce que la rénovation d’une vieille maison est le plus souvent aussi onéreuse – voire davantage – que de construire du neuf sur un terrain à moindre frais avec un plan promoteur clé en main. Et ce, même si le bien se vend une bouchée de pain.
Les contraintes de la rénovation d’une vieille maison
Au-delà du prix, la rénovation d’une vieille maison demande de prendre un compte un certain nombre de contraintes plus ou moins rébarbatives pour beaucoup de personnes telles que :
- le plan d’aménagement moins libre, ne partant pas d’une page blanche ;
- la remise en état de matériaux anciens souvent plus nobles et devenus plus chers en mise en œuvre du fait d’un savoir-faire qui se perd parfois ;
- la mise en place d’isolation, d’un nouveau système de chauffage, la remise en norme du système électrique devenus souvent obsolètes ou inexistants à l’origine (même si sur ce point la réflexion se pose également pour une construction neuve).
Tous ces éléments contribuent à donner le sentiment que la rénovation d’une vieille maison devient vite un gouffre financier alors même qu’il est tellement plus simple de partir de zéro avec des matériaux plus économiques qui semblent donner plus de confort. Un a priori parfois difficile à faire tomber.
Pourtant des organismes tels que la Fondation du Patrimoine aident à œuvrer à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine de proximité. L’Etat propose également une multitude d’aides pour la valorisation énergétique… Malgré tout, les lotissements continuent de fleurir en rase campagne au détriment des maisons de caractère. Ceci participant également à vider les bourgs et centre-villes.
Alors à la question « construire ou rénover en milieu rural ? », je répondrais par une autre question : quand nous inquiéterons-nous de laisser la terre devenir un champ de ruines de constructions que l’on considère comme obsolètes, désuètes et que l’on préfère abandonner plutôt que de les démanteler ou de les rénover ? Et vous, quel est votre choix ?
Photo maison traditionnelle bretonne : Joelle Millet