Je ne parle pas ici de mobilier ancien de style mais du mobilier du XXe siècle issu de mobilier d’architecte, de designer… Comme dans tous les domaines, la mode exerce son pouvoir sur le marché et celui du XXe est en pleine expansion.

On connaît tous l’investissement immobilier, mais connaît-on l’investissement mobilier ?
On sait que l’on peut investir dans la pierre, mais encore dans l’ancien ou dans le neuf. Dans le mobilier il en est de même. On peut investir dans de l’ancien acheté auprès de brocanteur, de chineur ou dans du neuf correspondant à du mobilier de réédition ou de designer d’aujourd’hui déjà bien en vue. A chacun ses affinités comme dans l’immobilier.

Lorsque vous regardez les magazines de déco, les reportages photos, en analysant bien vous vous rendrez compte que vous revoyez maintes fois le même fauteuil Lounge Eames mis en valeur dans un salon moderne, la chaise fourmi de Jacobsen autour d’une table de cuisine plus classique, la Pipistrello de Aulenti posé sur un meuble sur mesure…

Et bien vous avez déjà presque tout compris… Ce mobilier venu de designer connu et aujourd’hui reconnu fait partie désormais de notre quotidien. Et pourtant, nous sommes encore nombreux et nous le serons de plus en plus, à nous tourner vers la grande distribution pour nous fournir en mobilier et luminaire du fait des prix, de notre manque de connaissances… Et oui, pourquoi dans le fond acheter du mobilier uniquement dans les grands magasins et faire de notre intérieur un show-room digne des pièces que l’on découvre tout au long d’un parcours Ikea ?

Car ce qui fait la richesse d’un intérieur, c’est bien le mélange des sources. Un meuble de grand-mère peut très bien cohabiter avec du mobilier pratique et fonctionnel de grande distribution et mettre en valeur une lampe de designer d’aujourd’hui, d’hier ou de demain dans laquelle vous aurez investi un peu plus d’argent que peut-être dans le coût des deux autres réunis.

Investir dans le mobilier, le luminaire, l’objet design (parfois beau mais peu pratique par ailleurs) peut faire peur car le prix est toujours surprenant quand on n’y connaît rien ou peu. Je me souviens encore de clients qui en voyant le prix de suspensions dans un show-room sur Paris, dans lequel nous cherchions notre bonheur, mon simplement dit « mais Cath c’est hors de prix ?! ».  Une chose est certaine, plus le concepteur est connu, plus le prix de ses créations sera proportionnel et en adéquation également avec le nombre de pièces diffusées. Mais ce que l’on recherche c’est avant tout un esthétisme, une qualité, une unicité qui reflète notre propre personnalité, humeur et choix idéologique.

Derrière ce meuble, cette lampe, il y a un designer de renom ou en devenir, un dessin original, des proportions harmonieuses, parfois des heures de travail pour la mise au point technique, de très beaux matériaux. Certes parfois tout comme dans l’art, on peut se dire que le fruit de la réflexion est plus ou moins inspiré ?! Mais cela reste subjectif et une histoire de goût.

Partant de ces constats, le plus important n’est pas d’acheter pour acheter mais se faire plaisir en achetant des pièces en corrélation avec ses goûts, ses préférences.  Certaines pièces sont désormais de grands classiques, des indémodables. Vous êtes certains en les acquérant de ne pas perdre d’argent car elles sont devenues des valeurs sûres que l’on est assuré de revendre au moins au même prix.

Si vous vous lancez dans l’investissement mobilier, vous vous découvrirez alors peut-être « collectionneur » pour certains qui seront portés par la rareté ou pour les autres plutôt « utilisateur » attachés à l’esthétisme et à l’utilité.

Mais choisissez bien, car l’icône pièce indémodable, fabriquée dans les règles de l’art (d’où le prix, parfois élevé) est un investissement à long terme tandis que son clone redessiné par certains fabricants pour être abordable ne restera qu’une pièce à usage limité et impossible à revendre.

Catherine Le Gall, architecte d'intérieur
Catherine Le Gall, Architecte d’intérieur