Il y a quelques années, en 2017, j’ai pu réaliser l’un de mes plus grands rêves. C’était une façon de célébrer la nouvelle année, et parce que j’aime les symboles forts, le 1er janvier 2017 au matin, je m’envolais vers une destination longuement rêvée. Après trois avions, quelques heures de voiture et une vingtaine d’heures de voyage, je passais l’une des trois portes d’entrée du Bhoutan pour commencer un périple de 15 jours au pays du Bonheur national Brut. Bien sûr l’architecte d’intérieur que je suis a profité de ce voyage au Bhoutan pour observer l’architecture locale.
Un tourisme qui préserve le pays et les traditions
On m’a demandé à plusieurs reprises ce qui m’avait poussée vers cette destination pas plus grande que la Suisse et coincée entre le Tibet et l’Inde. Ma réponse est sans hésiter le fait que ce soit un pays dont l’accès est limité pour privilégier un tourisme culturel qualifié parfois de luxe. Car en effet depuis toujours, la volonté du Bhoutan de préserver ses coutumes et ses traditions au mieux est clairement affichée. J’aime cette force qui fait toute la différence aujourd’hui à l’heure où l’identité se mondialise.
Vingt ans que je rêvais de voyager au pays du dragon. J’attendais patiemment de pouvoir m’y rendre, m’alimentant de reportages, d’images, tout en me demandant si le jour où cela serait enfin possible, cette destination serait à la hauteur de mes espérances.
Une arrivée sans déception
Dès ma rencontre avec Tashi le guide et Schiring le chauffeur, le ton est donné, j’ai su que j’allais les aimer. En costume national tous les deux, j’ai le sourire aux lèvres ! Obligatoire dans tout le pays pour ceux qui travaillent en relation avec le public et lors de manifestations, ils portent le gho, une sorte de robe droite maintenue à la taille par une ceinture et s’arrêtant aux genoux. Fermée en plis dans le dos et croisée sur le torse avec des chaussettes tirées jusqu‘aux genoux, j’avoue leur trouver un certain sex-appeal (et oui on ne se refait pas).
Dès les premières heures sur des routes à peine carrossables par moment, c’est magistral, le décor est à couper le souffle et ce sera ainsi durant tout le séjour. On chemine à travers des montages et des vallées enchevêtrées, ce n’est autre que la chaîne himalayenne qui se déploie sous mes yeux et offre une végétation, une lumière, un relief chaque fois différents. Je ne peux me lasser de ce spectacle. On oscille durant tout le périple entre 3 000 et 3 700 mètres d’altitude en moyenne. Autant dire que mes globules rouges sont à la fête, et à mon retour quand je pédalais, je doublais les autres vélos avec une facilité déconcertante. J’en veux encore !
Le regard de l’architecte d’intérieur sur le Bhoutan
Sur les pentes montagneuses, à proximité des temples et stupas, et à chaque passage de col, c’est un dédale de drapeaux à prières blanc vaporeux ou multicolores. Dans tous les sens, ils flottent aux vents confiant ainsi les vœux de protection et bienveillance à l’univers et aux divins. Oui au Bhoutan vit un peuple ô combien croyant, bercé par le bouddhisme tibétain.
Les Dzongs, monastères et temples avec leurs moulins à prières participent grandement aux visites incontournables. On pourrait se lasser, se dire un de plus, pourtant pas un seul ne se ressemble et l’atmosphère est à chaque fois différente et imprégnante. Lorsqu’on entre dans la pénombre de ces lieux sacrés, on découvre un dédale de peintures murales aux multiples détails et couleurs chatoyantes, sans parler des nombreuses sculptures de Bouddha et plus encore de Guru Rinpoché.
Et dans ce contexte, l’architecture des habitations ne dénote nullement dans le décor. Elle est restée dans le pur style originel, un toit comme en lévitation, des murs en chaux blanche contrastant avec les portes et les fenêtres de bois brun-rouge. Le tout est orné de décors animaliers tels le dragon, le tigre, le lion des neiges, ou encore floraux, et parfois même de phallus géants lorsqu’on se promène dans la vallée du fou divin, une vision pour le moins surprenante mais qui fait sourire.
Un petit pays à taille humaine
Quant aux villes telles que Trashigang, Monggar, Trongsa… elles ressemblent davantage à des villages qu’à des villes à proprement parler avec leurs quelques rues vite parcourues. Cela me fait d’ailleurs souvent sourire quand Tashi me maintient qu’il s’agit bien là de ville. D’ailleurs même Thimphu ressemblerait davantage pour nous Européens à une petite ville, dont les limites se dessinent très rapidement lorsqu’on la surplombe, qu’à une capitale.
On est ici dans un autre monde où les villes et le pays dans son ensemble sont à taille humaine avec 760 000 habitants environ répartis sur un petit bout de terre fort en caractère. C’est sans doute en grande partie ce qui fait que ce peuple est incroyable. Les mots qui me viennent pour le décrire sont : écoute, gentillesse, simplicité, accessibilité. On se sent serein, en paix, jamais en insécurité, juste bien.
Le retour au départ de Paro aura été lui aussi fort en émotion. La piste de décollage est courte, l’envol rapide. Les ailes de l’avion semblent frôler les montagnes. J’en ai la chair de poule rien que d’y repenser. Tout s’enchaine de manière fluide. Le souffle court, je regarde depuis le hublot une vision spectaculaire de la chaîne himalayenne.
Une culture unique, un peuple bienveillant, des paysages grandioses qui me laissent sous le charme de ce monde suspendu, hors du temps. La contemplative que je suis reste émerveillée de ce périple riche en ressourcement et inspiration. J’espère avoir partagé avec vous une belle découverte en me replongeant dans ces souvenirs de voyage au Bhoutan.