L’intelligence artificielle. Un terme à la fois fascinant et un brin effrayant. Pourtant, depuis quelque temps, elle s’invite dans notre quotidien, et pas seulement via nos téléphones ou nos thermostats intelligents. Même dans mon univers, celui de l’architecture intérieure, elle commence à prendre ses quartiers. Doucement. Subtilement.

À première vue, on pourrait penser que l’intelligence artificielle (IA) n’a rien à faire dans un métier aussi humain, sensoriel, intuitif. Mais même si je suis une inconditionnelle du dessin à main levée pour être plus créative et du lien concret avec mes clients, je reste conscience de l’importance de rester ouverte aux technologies.

Alors, que peut apporter l’IA à mon métier ? Que garder ? Et surtout, comment l’utiliser sans perdre l’âme d’un projet et notre propre âme ;) ? C’est ce que je vous propose d’explorer ici.

Un soutien à la phase d’inspiration (mais nullement une baguette magique)

Soyons clairs : l’IA ne va pas remplacer le geste du crayon ni le regard porté sur un lieu. En revanche, elle peut nourrir notre créativité.

Les algorithmes génératifs, par exemple, permettent aujourd’hui de générer des moodboards à partir de quelques mots-clés ou d’une palette de couleurs. J’ai testé quelques outils comme Midjourney, et je dois dire qu’ils ont parfois réussi à capter une partie de l’essence d’une atmosphère que j’avais en tête… voire à me surprendre.

Comme Pinterest, Instagram… c’est une base, un point de départ pour faire germer mes idées. Mais cela reste à manipuler comme on feuillèterait un magazine un peu fou, à savoir un point de départ pour se nourrir. Savoir s’en détacher et s’arrêter est tout aussi important.

Une communication augmentée

L’un des aspects les plus intéressants pour moi, c’est la capacité de l’IA à traduire — dans tous les sens du terme. Traduire une idée en image, une intuition en démonstration visuelle.

Cela permet à partir d’un de nos dessins de découvrir une multitude de variantes auxquelles, honnêtement, je n’aurais pas pensé. C’est comme découvrir son idée reprise par quelqu’un avec une autre personnalité. Car oui, même dans notre métier, on a nos automatismes, nos références, une personnalité qui ressort des choix esthétiques que l’on propose. Mais parfois cela ne fait pas de mal de se faire bousculer dans ces automatismes.

Et puis, il y a également cette capacité à adapter le langage : générer des articles de blog, des comptes-rendus de chantier plus lisibles, créer un carnet de style à partir d’un brief oral. L’IA, ici, devient traductrice sensible. Elle aide à faire passer une émotion, à concrétiser une idée parfois floue.

Le pouvoir du prompt en intelligence artificielle : un miroir de notre singularité créative

On parle souvent d’intelligence artificielle comme d’un outil prodigieux, capable de générer des images, des textes, des plans en un clin d’œil. Mais ce que l’on dit moins, c’est que tout peut commencer par une simple phrase, une consigne mais prendre une autre dimension avec un prompt bien construit.

Comme vous le savez, il n’existe pas de câble à connecter entre notre cerveau et l’IA. Hors ce prompt, c’est en quelque sorte ce câble qui nous relie à lui et qui génère le résultat. Ce mot, un peu technique, recèle une puissance insoupçonnée. Car il est le reflet direct de notre manière de penser, de ressentir, d’exprimer. Il est ce petit pont entre l’humain et la machine, et dans mon métier d’architecte d’intérieur, il devient un levier fascinant pour révéler — ou trahir — une intention, un style, une émotion.

Ce que dit un prompt de nous (et ce qu’il ne dit pas… encore)

Or pour obtenir le résultat souhaité et qu’il devienne le prolongement fidèle de notre univers, il faut passer des heures à s’exercer, à affiner ce prompt pour dompter la bête et obtenir quelque chose qui se rapproche de ce que l’on visualise dans notre cerveau.

Écrire un prompt, ce n’est pas seulement donner une instruction. C’est déjà un acte de création. C’est décider de mettre en mots ce qui, souvent, relève du ressenti ou de l’intuition. En soit, c’est transcrire les idées et les images qui prennent forme dans notre tête pour leur donner vie.

Si je tape « salon minimaliste japonais-scandinave avec lumière douce et canapé cosy », je n’obtiendrai pas la même image que si j’écris « un intérieur au style japonais et scandinave avec un canapé très confortable, une végétation luxuriante, une lumière intérieur naturelle, une large baie ouvrant sur un jardin extérieur de plein pied avec une colorimétrie douce ».

Le deuxième prompt, c’est le mien. Il porte ma voix. Mon esthétique. Mon besoin d’équilibre sensible. C’est lui qui me permet de générer une image qui n’est pas générique, mais personnelle. Ce diaporama ci-dessus, permet de voir concrètement ce qu’un mot, une commande peut changer sur une image de départ que l’on fait évoluer.

Et c’est exactement la même chose pour un article de blog.

Un partenaire, pas un pilote

L’IA est un formidable stimulant d’une certaine manière. Tout comme lorsqu’on est passé du plan sur calque à Autocad, de la perspective à la main à la modélisation 3D, on vit maintenant un moment charnière. Ces moments de découverte où on est à la fois réticent et curieux.

D’ici quelques années, que dis-je, mois ou jours pour ceux qui baignent dedans comme Simon Timssalle notre formateur, on intégrera l’outil à notre paysage professionnel au quotidien. Cela en fonction de son affinité, de son caractère et de la place que l’on souhaite lui attribuer dans le processus créatif et de rendu concernant l’image et dans le processus rédactionnel concernant les écrits.

Mais quoiqu’il en soit, en tant qu’architecte d’intérieur, je reste la garante du sens, de l’écoute, de l’intuition. Pour moi, je décrirais l’IA comme un collaborateur silencieux. Loin de la baguette magique ou d’une vérité absolue.

En soit, elle peut m’aider à préparer, à visualiser, à gagner du temps sur certaines tâches. Mais c’est dans le contact humain, dans l’échange sensible, que les idées naissent.

Regard croisé de Sylvie Modigliani

Voici en quelques lignes le regard de Sylvie de l’agence Architecture 2 ayant suivi cette même formation sur l’IA avec Simon Timssalle grâce à l’Unaid.

 » L’intelligence artificielle ? Pour moi, c’est d’abord une formidable petite main, une aide pour les tâches répétitives : rédiger des descriptifs, estimer des coûts, comparer des devis… tout ce qui fait soupirer, mais qu’on ne peut pas ignorer… J’ai déjà conçu quelques assistants, testés sur d’anciens projets, que je compte bien réutiliser. Leur création demande du temps, mais une fois bien configurés, ils sont efficaces. L’expertise humaine reste bien sûr la boussole, car on ne confie pas des documents clients à un automate sans vérification.. J’envisage aussi d’en créer un pour affiner les prix moyens sur les postes courants. Pour les visuels, l’IA permet de créer rapidement des ambiances adaptées, sans passer des heures à chercher des images. En somme, l’IA m’aide à dégager du temps pour ce que j’aime vraiment : imaginer, créer, et parfois même… me laisser surprendre. « 

Et cet article alors, est-ce un article IA ?

La réponse est oui. J’ai créé ici mon premier prompt d’article en exprimant à l’IA mes conditions, mon intention, mon style pour qu’elle n’invente pas à ma place mais m’accompagne dans la rédaction.

Ce que j’ai aimé dans cette démarche, c’est qu’elle m’oblige à ralentir. À nommer ce que je ressens. À préciser ce que je veux transmettre. Finalement, écrire un bon prompt, c’est déjà faire le tri entre le superficiel et l’essentiel. Pour autant, je viens de passer plusieurs heures à reprendre, reformuler, déconstruire en partie pour reconstruire, affiner et personnaliser ce que je voulais faire ressortir.

Alors, si vous souhaitez générer une image qui vous ressemble, ou confier la rédaction d’un article sans perdre votre voix… commencez par soigner votre prompt. C’est lui, le véritable architecte de l’intelligence artificielle.

Demain ?

Demain, je rêve d’une IA qui intégrerait davantage la dimension émotionnelle. Qui comprendrait qu’un silence dit plus qu’un long discours.

En attendant, je poursuis mes projets, mes esquisses, mes visites de chantier. Et parfois, j’invite l’IA à mes côtés, comme on inviterait un stagiaire doué mais qu’il faut former. J’apprends à m’en servir, comme je le ferais avec un nouveau logiciel : en pratiquant.

Et si vous aussi, vous êtes curieux de savoir comment la technologie peut s’inviter discrètement dans votre futur projet d’intérieur sans en altérer l’âme, n’hésitez pas à me contacter.

Et encore un grand MERCI à Simon Timssalle pour sa patience et sa pédagogie sur un sujet qu’il a su rendre attrayant.

En parallèle de cet article, découvrez mon approche du projet haut de gamme, l’importance d’un suivi de chantier fluide et précis

Et pour explorer plus largement les usages de l’intelligence artificielle, voici usine digitale et archdaily.

Catherine Le Gall, architecte d'intérieur
Catherine Le Gall, Architecte d’intérieur